vendredi 15 juillet 2016

Tour de Fleece, 12ème étape: et merde !

Hier c'était le 14 juillet. Tout le monde a fait des trucs de 14 juillet: on a fait une grasse matinée de jour férié, on a profité de l'occasion pour se retrouver en famille, entre amis, on a regardé le Tour de France ou le défilé sur les Champs Élysées, en vrai ou à la télé, on a jardiné, bricolé, ou paressé. On est allé à la plage ou se balader en forêt, prendre un café en terrasse. On est allé bosser parce qu'on est pompier, médecin, infirmier, policier, et qu'on a besoin de nous même les jours fériés. Moi j'ai filé. Jusque tard. Jusqu'au feu d'artifice parisien à la télé.



Et on a tous eu, quelque part dans un coin de la tête, cette vilaine petite idée qui ne nous quitte plus. Cette vilaine petite idée qui dit que tel rassemblement ou tel autre serait l'occasion rêvée pour un fou sanguinaire de se faire remarquer. Que toutes les mesures de préventions, toutes les fouilles, tous les hommes et les femmes qui travaillent tous les jours pour maintenir l'ordre et assurer la sécurité, ils font tout ce qu'ils peuvent, mais ils ne peuvent pas être partout.

Mais bon, le concert à Paris était terminé, le feu d'artifice aussi, alors je suis allée me coucher. En me disant que je ferais des jolies photos pour le blog ce matin. Et puis en faisant un dernier tour sur internet avant d'éteindre la lumière, j'ai vu. Enfin non, j'ai rien vu, j'ai lu ce qui venait de se passer à Nice. Et j'ai allumé la radio. Et j'ai pleuré. Et pas très bien dormi.

Et ce matin, je me dis que le pire, c'est que de tous les sentiments qui accompagnent cet évènement, comme hier à Istanbul et avant-hier à Bagdad, il y en a un qui n'apparait plus. La sidération. La surprise. A cause de la vilaine petite voix qui dit "ça va recommencer, demain, après-demain, quand tu ne t'y attends plus, quand tu n'y penses plus".

Alors j'ai pris des jolies photos de ma laine au soleil du matin. Et j'ai pensé à demain. A après-demain.


Parce que c'est bien ça qui m'effraye le plus. Qu'est-ce qu'on va faire demain, après-demain, est-ce qu'on va se laisser gagner par la peur ? le nationalisme, la xénophobie ? est-ce qu'on va sacrifier nos libertés à l'autel d'une chimère de sécurité ? est-ce qu'on va écouter les populistes, les démagogues, parce qu'ils vont nous dire qu'ils ont la solution magique pour nous protéger ? j'ai peur des prochaines élections, des prochaines "mesures d'exception", j'ai peur qu'on oublie la devise de la République Française, liberté, oui, égalité, aussi, fraternité, surtout.

J'ai peur qu'on s'accroche aux paroles de la Marsellaise, qui me font frémir chaque fois que je l'entend, avec ce "sang impur" qui "t'abreuve nos sillons". Je ne crois pas qu'il y ait de sang pur ou impur, y'a du A, du B, du O, du AB, et puis c'est tout. Et puis surtout j'ai pas envie qu'on abreuve nos sillons avec autre chose que de l'eau de pluie. Juste de la pluie qui fait pousser, grandir. De la culture, quoi. De l'éducation. Des livres, de l'art, des débats, de la bienveillance. Pour faire pousser des idées, de la curiosité, de la tolérance.

Demain et après-demain, je serai à la Batère de Misson, où j'expliquerai à qui voudra bien m'écouter comment les petites fibres de laine, toutes seules, elles sont fragiles, légères, elles s'envolent sur un souffle, mais que quand elles s'accrochent ensemble, elles deviennent un fil, fort, solide, même si elles sont très différentes les unes des autres au départ, il suffit de leur donner une direction pour qu'elles se lient et deviennent un. Ma toute petite part.


Bon courage, soyez fort, aimez-vous les uns les autres, tout ça tout ça. ♥


5 commentaires:

  1. Merci Mélanie de partager de si belles pensées!Dans ce monde qui va si mal et qui pourtant pourrait être si beau, tes paroles qui en disent long sont réconfortantes.

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  2. Merci Mélanie de partager de si belles pensées!Dans ce monde qui va si mal et qui pourtant pourrait être si beau, tes paroles qui en disent long sont réconfortantes.

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