samedi 11 avril 2015

Et une marotte de plus, une !

Pas plus tard qu'il y a pas longtemps, il m'est arrivé de penser, et même de dire, que non non, le tissage, ça ne m’intéressait pas, mais alors pas du tout. Quand soudain, comme Zorro (qui surgit hors de la nuit), l'envie de tisser est arrivée. Et comme je ne sais pas faire les choses à moitié ...



Je vous présente Évariste, mon métier à tisser (le fabricant l'appelle Harp, c'est joli aussi, mais je préfère Évariste). C'est un métier à peigne envergeur de 40cm de large. Je l'ai monté jeudi soir. Enfin j'ai commencé et puis une vilaine ampoule a poussé au milieu de mon majeur droit. Elle me fait encore mal d'ailleurs. Donc vendredi matin j'ai demandé à mon papa de visser les dernières vis, et hop hop hop c'est parti pour l'aventure du tissage !

Et quelle aventure. Je vous passe les détails du choix des fils (j'ai plus de 60km de fil. Et bien il n'y en avait aucun qui convenait. Enfin si j'en ai finalement trouvé 2). Il faut commencer par préparer le fil de trame. Ça s'appelle l'ourdissage. Moyens du bord, la table de la cuisine et une chaise.


Aucune bouteille de vin n'a été blessée pendant la réalisation de ce film. Pour les cannelés, je dis pas. Mon dos a bien souffert aussi, parce que quand on travaille debout sur une table qui est faite pour y faire des choses assise, ça fait mal.


Là je fais des boucles avec le fil de trame, autour du bâton qui a surement un nom mais on s'en fiche, à travers une rainure du peigne, et autour de la chaise, et on recommence.

Ensuite, il faut sortir l'outil fatidique : les ciseaux !!!!


Sur la photo j'avais attaché les fils au milieu du dossier de la chaise, mais je me suis rendu compte de ma bêtise avant de couper. J'ai fait appel à un assistant hyper pratique pour retenir la trame pendant que je l'enroulais autour du truc qui tourne à l'arrière du métier, qui a probablement un nom aussi mais je ne sais plus. Il faut mettre quelque chose entre les couches de fil pour conserver la tension, j'ai utilisé du papier journal parce que c'est ce que j'avais sous la main et que ça fait exactement la largeur du métier.


Il y a maintenant 2 fils dans chaque rainure du peigne. Il faut passer un de ces 2 fils dans l’œil voisin (ça fait moins mal que ça n'en a l'air. Et croyez moi, je suis sensible des yeux). Parce que j'ai oublié de vous expliquer le principe, et comme un joli dessin vaut mieux qu'un long discours, voilà

source : Les récréations de Chamade

Le crochet fourni avec le métier avait du mal à passer dans les z'oeils  du peigne (il y a différentes tailles de peigne, là c'est un 50/10, 50 fils pour 10cm). J'ai donc bricolé un pseudo crochet avec du fil de pêche. Il doit me rester quelque part du fil métallique, ça devrait être plus simple pour la prochaine fois.

Et là le plus dur du travail est fait. Le tissage est ensuite un jeu d'enfant. Il suffit d'enrouler le fil de chaîne autour de la navette (là elle est un peu cachée sous le métier, le fil est noir), et dessus, dessous, ça va tout seul.
Et voilà le résultat:

Les bordures sont terminées par un point qui se nomme "hemstitch" (point d'ourlet) et qui a probablement un nom français mais je m'en moque. Les lisières, sur les cotés, sont irrégulières, il y a quelques bloups (c'est le terme technique) à des endroits où je n'ai pas bien séparé les fils de trame au moment de passer la navette. C'est un travail de débutante, quoi.


J'ai terminé vendredi soir, enfin ce matin, mais à peine. Minuit, minuit et quart. Et je suis allée me coucher, percluse de douleurs. Je sais, je n'ai pas été raisonnable. Nouveau hobby, nouvelles postures, nouveaux gestes = nouveaux bobos. Je me suis quand même demandé comment j'allais me réveiller, vu à quel point mes épaules étaient endolories. Mais finalement, j'ai moins de courbatures que quand je reprend le fuseau par exemple. Et sans arnica ! Bon, je n'ai pas essayé de tisser aujourd'hui, et je découvre de temps en temps des mouvements que là, quand j'fais ça, aïe, j'peux pas l'faire.

C'est bien pratique d'avoir une maman quilteuse
pour égaliser les franges

Comme les 2 fils que j'ai utilisés sont lavables en machine, j'ai pris des photos (pour avoir des preuves en cas de catastrophe), et puis j'ai mis mon oeuvre dans le lave-linge. Programme délicat, 30°. 35 mn d'angoisse, pendant lesquelles je me suis demandé si je n'avais pas commis une grossière erreur. Si il n'allait pas ressortir de la machine une vieille serpillière ignoble. Mais en fait non. Par contre, ça fait des nœuds dans les franges. Bon à savoir pour la prochaine fois, tournicoter les franges avant le lavage. Le tournicotage manuel ne m'a pris qu'une heure et demi. Et c'est joli.



Pour des raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas, Évariste est resté presque une semaine dans sa boite avant que je ne puisse jouer avec lui. J'ai souffert les affres de la frustration la plus sévère. Mais la fierté que je ressens aujourd'hui compense (presque) ces terribles souffrances.

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Pendant que je ne pouvais pas tisser, j'en ai profité pour lire un autre de mes cadeaux d'anniversaire en avance : le dernier Fred Vargas, Temps glaciaires.
J'aime d'amour la prose de Fred Vargas. Elle utilise les mêmes mots que vous et moi, et pourtant ça n'a rien à voir. Le mystère du style.
Lisez Fred Vargas, le dernier, le premier, n'importe lequel au milieu, c'est bien !

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Pendant que je ne pouvais pas tisser, j'ai aussi tricoté un petit snood "gratification instantanée": aiguilles 15mm, Malabrigo Rasta et Phildar Terre neuve, en rond, en point mousse, en rayures.
2h de tricot, plein de douceur, et le plaisir de terminer quelque chose rapidement


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Ressources sur le tissage


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