Aujourd'hui, c'est jour de repos sur le Tour de France, et aussi pour les fileuses donc. Je ne sais pas ce que je vais faire de ma journée, les volets sont déjà fermés dans ma chambre qui voit le soleil du matin, j'ai pu profiter d'un peu de fraicheur en me levant un peu plus tôt que d'habitude. J'ai la chance d'habiter dans une vieille maison aux murs épais qui nous protègent un peu de la chaleur.
Tout ça devrait contribuer à me mettre de bonne humeur, n'est-ce pas ? Mais voila, le matin, j'écoute la radio. J'aime bien la radio. Aussi loin que je me souvienne, mes matins ont été rythmés par la radio. Et plus précisément par France Inter. Je me souviens du jeu des Mille Francs que même que quand j'étais petite, je croyais que Lucien Jeunesse disait "Jérémie, bonjour !" au début, parce que je connaissais un Jérémie, alors qu'en fait il disait "chers amis, bonjour !". Je me souviens des chroniques matutinales de Philippe Meyer, je me souviens de la voix juvénile de Kriss, du mystère de Monsieur X, ... Bref, cette radio est chère à mon cœur.
C'est également ma source d'information préférée. Je ne lis pas la presse écrite, je voue une haine farouche à la plupart des journaux télé, j'apprends ce qui se passe dans le monde principalement par la radio. Et ce qui se passe dans le monde, c'est pas rigolo rigolo en ce moment. Mais il y a des voix belles et nobles, qui portent l'espoir, comme celle d'
Antoine Leiris que j'ai entendu hier. Mais il y a des voix ignobles, que je ne nommerai pas, parce qu'elles ne le méritent pas, et que vous les reconnaitrez de toute façon, qui portent la haine, la peur, la bassesse de leurs ambitions personnelles avant toute autre considération.
Alors ce matin, quand j'ai écouté la radio en prenant mon petit déjeuner, en profitant de la fraicheur de la brise et de la lumière flamboyante du soleil levant, alors que tous mes sens profitaient de la splendeur de ce jour tout neuf, plein de promesses, j'ai entendu des choses qui m'ont mise de mauvais poil. Mais comme la promesse du jour tout neuf était la plus forte, je me suis dit que j'allais confier toute ma mauvaise humeur au blog, parce qu'il y a des choses qu'il faut dire. Parce que partager, échanger, discuter, débattre, être d'accord ou pas, c'est faire acte de résistance et de résilience. Parce que ceux qui disent "il faut arrêter de parler et agir" (facile à dire), ils oublient à quel point c'est important de parler. Et d'écouter. Avec de la réflexion, des arguments, de la raison. Soutenus par nos émotions, et non aveuglés par elles.
Donc ce qui m'a émue ce matin, c'est les voix qui prétendent qu'on serait en sécurité si. Si on expulsait, si on arrêtait, si on emprisonnait sans preuve ni procès. Si il y avait plus d'armes, plus de policiers, plus de lois. Si il y avait plus de frontières, plus de contrôles, plus de barrières. Et ceux qui se disent "pourquoi pas, ça ne me touchera pas, je n'ai rien à me reprocher". Parce que non ! Parce que nous vivons dans un état de droit ! Pas dans
Minority Report ! Parce que je ne veux pas vivre dans un pays où demain, après-demain, mon voisin, mon semblable, mon frère, qui a la malchance d'être un peu basané (pas tibulaire, mais presque, comme disait Coluche), un peu musulman, d'avoir des parents nés de l'autre coté de la Méditerranée, puisse être privé des droits fondamentaux dont je jouis. Parce que je crois encore qu'un coupable en liberté est préférable à un innocent en prison. Et que c'est terrible à dire, mais si le prix à payer c'est de mourir dans un attentat, ou pire de perdre un proche, c'est un prix que je suis prête à payer. Parce que chaque vie est précieuse, immensément précieuse, chaque instant de vie renferme une infinité de possibilités. Parce que si l'être humain est capable du meilleur comme du pire, le plus souvent il est moyen, banal, médiocre, mais, mais, en tous et chacun il y a cette possibilité, cette chance qu'un petit mot, un petit geste, un petit rien, porte en germe un mieux. Individuel, collectif, universel. Parce qu'envers et contre tout, je crois en l'être humain. C'est pas facile tous les jours, mais j'y travaille.
PS: je ne dis pas qu'il faut rester les bras croisés en attendant que ça passe, hein, simplement qu'il ne faut pas nous renfermer sur nous même, que les amalgames ne sont utiles que chez le dentiste, qu'il ne faut pas oublier que nos différences nous enrichissent. Que pointer du doigt un coupable, c'est un exutoire, pas une solution. Je ne suis pas naïve, je suis idéaliste (même les tests à 2 balles de Facebook le disent ! et j'ai même pas triché !).